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22/04/2015

Aperçu sur la méditation par Swami Vivekananda


 
Nous sommes ce que nos pensées nous ont faits, aussi prenez garde à ce que vous pensez. les mot sont secondaires. Les pensées vivent et voyagent au loin. Chacune de nos pensées portent l’emprunte de notre caractère.
Swami Vivekananda




Biographie de Vivekananda 

Vivekananda et la Méditation

Se rendre maître de son esprit

Dhâranâ concentration de  l'esprit

Dhyâna et Samâdhi

Dhyâna, la méditation

Thèmes de méditation

Samprajnâta et  asamprajnâta samâdhi





Biographie de Vivekananda

 

Narendra Nath Dutta est né à Calcutta le 12 janvier 1863 Calcutta et mort le 4 juillet 1902 à  Belur Math. Disciple bien-aimé de Sri Paramahamsa Ramakrishna qu'il rencontra alors qu'il avait 17 ans, il fonda à la mort de son Maître la célèbre mission Ramakrishna qui contribua à diffuser et faire connaître l'Advaita Vedanta dans le monde occidentalisé. Swami Vivekananda transmis l'enseignement de la méditation dans ses divers ouvrages, notamment Les Yogas pratiques (Karma, Bhakti, Râja) dont sont issues les extraits suivant concernant la pratique de la méditation.
Sa disciple Nivedita lui a consacré une biographie "Le Maître tel que je l'ai Connut" (lien)
 
Dans la biographie Ramakrishna une âme réalisée, Christopher Isherwood relate que
« Ramakrishna avait coutume de dire qu'on peut déceler chez un être humain dix-huit qualités (ou manifestations de pouvoir) ; deux ou trois de ses manifestations suffisent pour attirer renom et influence sur une individualité. Or, Ramakrishna découvrit que Naren détenait les dix-huit qualités.»
 

Vivekananda et la méditation

 
  Voici les propos de Vivekananda sur ses prédispositions à la méditation:

« Du plus loin qu'il me souvienne, à peine avais-je fermé les yeux pour dormir que je voyais apparaître un merveilleux point de lumière entre mes sourcils ; alors, j'observais ses variations avec une grande attention. Pour mieux le voir, je m'agenouillais sur le lit et me prosternais tel un dévot devant l'autel. Ce merveilleux point de lumière changeait de couleur et augmentait de volume jusqu'à prendre la forme d'une boule. A la fin, il éclatait, me couvrant de la tête aux pieds d'une lumière blanche et fluide. dès que cela se produisait, je perdais conscience et sombrais dans le sommeil. je croyais que chacun s'endormait ainsi. Par la suite, lorsque j'eus grandi et que je commençais à pratiquer la méditation, ce point de lumière m'apparaissait sitôt que je fermais les yeux, et je me concentrais sur lui. A cette époque, je pratiquais la méditation avec quelques amis selon les instructions de Debendranâth Tagore. Nous nous racontions nos visions et nos expériences, et j'appris incidemment qu'aucun d'entre eux n'avait jamais vu ce point de lumière ni s'endormait de cette façon. »
 
Dans la biographie Ramakrishna une âme réalisée Christopher Isherwood décrit l'apprentissage de la méditation de Vivekakandanda (Naren) auprès de Ramakrishna :
  
« Naren restait parfois plusieurs jours d'affilée à Dakshineswar ; il passait alors ses nuits en méditation. Ce faisant, il était incommodé à l'aube par le sifflet à vapeur de la manufacture de jute que Chandra, au cours de sa vieillesse, avait pris pour une trompette céleste. Râmakrishna l'avisa de méditer sur la sonorité même du sifflet. Naren suivit ce conseil et pu constater que le sifflet ne le distrayait plus. »

 

Se rendre maître de son esprit


Celui qui peut à son gré relier son esprit aux différents centres ou l'en détacher a réussi dans le pratyâhâra. Ce mot signifie « ramasser dans la direction de », refréner les facultés d'extériorisation de l'esprit, le libérer de l'esclavage des sens. Lorsque nous pourrons faire cela, notre caractère sera véritablement formé ; c'est alors seulement que nous aurons fait un grand pas vers la liberté. Jusque-là nous ne serons que des machines.

   Comme il est difficile de se rendre maître de son esprit! C'est avec raison qu'on l'a comparé au singe devenu fou. Il y avait une fois un singe, déjà turbulent de nature, comme tous les singes. Comme si cela ne suffisait pas, quelqu'un lui fit boire beaucoup de vin, si bien qu'il en fut encore plus agité. Puis il fut piqué par un scorpion. Quand un homme est piqué par un scorpion, il saute toute une journée ; aussi le pauvre singe se trouva-t-il dans un état pire que jamais. Pour achever son malheur, un démon entra en lui. Quels mots pourraient décrire l'agitation effrénée de notre singe ? L'es­prit de l'homme est comme ce singe. Par sa nature même, il a une activité incessante, puis il s'enivre du vin du désir, ce qui accroît son agitation. Après que le désir s'est emparé de lui, vient la piqûre de scorpion que lui inflige sa jalousie des succès d'autrui, et finalement le démon de l'orgueil s'installe dans l'esprit et le fait s'attribuer une grande importance. Comme il est ardu de maîtriser un tel esprit!

  La première chose à faire est donc de rester assis pendant quelque temps et de laisser courir sa pensée. L'esprit bouillonne continuellement. Il est comme le singe qui saute de tous côtés. Laissez le singe sauter tant qu'il voudra ; vous n'avez qu'à attendre et observer. Savoir, dit le proverbe, c'est pouvoir, et c'est bien vrai. Jusqu'à ce que vous sachiez ce que fait l'esprit, vous ne pouvez pas vous en rendre maître. Rendez-lui les rênes, peut-être beaucoup de pensées laides y entreront-elles. Vous serez stupéfait de voir qu'il vous est possible d'entretenir de telles pensées. Mais vous constaterez que chaque jour les divagations de l'esprit deviennent de moins en moins violentes, et que l'esprit lui-même est chaque jour plus calme. Pendant les premiers mois, vous verrez dans l'esprit un grand nombre de pensées, plus tard il y en aura déjà moins, puis, au bout de quelques mois beaucoup moins encore, jusqu'à ce que finalement vous soyez parfaitement maître de votre esprit. Mais pour cela il faut vous exercer patiemment tous les jours. Dès qu'on donne la vapeur, la machine doit tourner ; dès que des objets sont devant nous, nous devons les percevoir. Aussi un homme, pour prouver qu'il n'est pas une machine, doit-il démontrer qu'il n'est soumis à aucune domination. Cette maîtrise de l'esprit, par laquelle on l'empêche de se relier aux différents centres, est le pratyâhâra. Comment peut-on y parvenir? C'est un travail immense, qui ne s'accomplit pas en un jour. On ne peut réussir qu'après des années de lutte patiente et continue.

Lorsque vous aurez pratiqué le pratyâhâra pendant un certain temps, passez à l'exercice suivant, à la dhâranâ, qui consiste à fixer l'esprit sur des points déterminés.



Dhâranâ concentration de  l'esprit


  Qu'entend-on par fixer l'esprit sur des points déterminés? L'obliger à sentir certaines parties du corps à l'exclusion des autres, essayer par exemple de n'avoir conscience que d'une main, à l'exclusion des autres parties du corps. Lorsque le chiffe, le contenu mental, est restreint et confiné à un certain endroit, c'est la dhâranâ. Cette dhâranâ est de diverses espèces, et il vaut mieux l'accompagner d'un peu d'imagination. L'esprit doit être amené par exemple à penser à un seul point du cœur, ce qui est très difficile. Il est plus facile d'imaginer que là se trouve un lotus, resplendissant d'une lumière étincelante, et de fixer l'esprit sur lui. Ou bien pensez au lotus du cerveau et voyez-le rayonnant de lumière. Ou bien encore pensez aux différents centres dont nous avons parlé dans la sushumnâ.

Le yogin doit toujours s'exercer. Il devrait s'efforcer de vivre seul ; la compagnie de différentes espèces de gens est pour l'esprit une cause de distraction ; il ne doit pas parler beaucoup, parce que parler distrait l'esprit ; il ne doit pas travailler beaucoup, parce que trop de travail distrait l'esprit ; on ne peut pas se rendre maître de son esprit après une journée entière de dur labeur. Celui qui observe les règles que je vous ai indiquées devient un yogin.

Tel est le pouvoir du yoga que la moindre parcelle fera un bien immense. Il ne fera de mal à personne mais sera bienfaisant pour tous. D'abord il apaisera l'excitation nerveuse, il apportera le calme, il nous donnera une vue plus exacte des choses. Le caractère en sera meilleur et la santé également. Une bonne santé sera l'un des premiers signes, ainsi qu'une belle voix. Les défauts de la voix se corrigeront ; ce sera l'un des premiers résultats que l'on constatera. Ceux qui s'exercent beaucoup obtiendront encore bien d'autres signes. Parfois on entendra des sons, comme un carillon de cloches qui sonneraient dans le lointain, se mélangeraient et viendraient frapper l'oreille comme un son continu . Parfois on verra des choses, comme par exemple de petites taches de lumière qui flottent et deviennent de plus en plus grandes. Lorsque cela se produira, vous saurez que vous faites de rapides progrès.

Ceux qui veulent être des yogins et qui s'exercent sérieusement doivent au début se préoccuper de leur régime alimentaire. Quant à ceux qui désirent seulement s'exercer un peu pour la vie courante de chaque jour, qu'ils, ne mangent pas trop; sous cette réserve, ils peuvent manger ce qu'ils veulent. Pour ceux qui désirent faire des progrès rapides et s'exercer assidûment, un régime strict est absolument nécessaire. Ils trouveront avantageux de se nourrir exclusivement de lait et de céréales pendant quelques mois. Lorsque l'organisme s'affine de plus en plus, on constatera au début que la moindre irrégularité rompt votre équilibre. Une bouchée de plus ou de moins dérange tout le système tant qu'on n'en a pas acquis une maîtrise parfaite. Ensuite on peut manger tout ce qu'on veut.

Lorsqu'on commence à se concentrer, le bruit d'une épingle qui tombe semble un coup de tonnerre à travers le cerveau. Au fur et à mesure que les organes s'affinent, les perceptions s'affinent également. Telles sont les étapes par lesquelles on doit passer ; tous ceux qui persévèrent réussiront. Renoncez à toute argumentation et à toutes les autres distractions. Les parlottes intellectuelles desséchées correspondent-elles à quoi que ce soit ? Elles ne font que troubler l'esprit et le déséquilibrer. Il est des plans plus subtils auxquels nous devons atteindre. Y arriverons-nous par des paroles ? Renoncez à toute conversation inutile. Ne lisez que les livres écrits par ceux qui sont arrivés à la réalisation.

Soyez comme l'huître perlière. Dans une belle fable indienne, on raconte que s'il pleut au moment où l'étoile Svâti (Arcturus) monte à l'horizon, et qu'une goutte de cette pluie tombe dans une huître, la goutte devient une perle. Les huîtres le savent, aussi viennent-elles à la surface lorsque l'étoile brille, et essaient-elles d'attraper les précieuses gouttes de pluie. Quand une goutte tombe sur elles, elles referment très vite leurs écailles, plongent au fond de la mer et là, transforment patiemment  la goutte  en une perle. C'est ainsi qu'il faut être . D'abord écoutez, puis comprenez, puis renonçant  à toute distraction, fermez votre esprit aux influence extérieures, et consacrez-vous au développement de la vérité qui est en vous.


   Comment savons-nous qu'un homme en samâdhi n'est pas descendu au-dessous de la conscience, n'a pas dégénéré au lieu de s'élever? Dans aucun des deux cas, les œuvres ne sont accompagnées d'égoïsme. La réponse à cette question, c'est que les effets, le résultat des actions nous permettent de distinguer entre ce qui est au-dessous et ce qui est au-dessus. Lorsqu'un homme tombe dans un profond sommeil, il arrive sur un plan qui se trouve au-dessous de la conscience. Il fait fonctionner son corps continuellement : il respire, il bouge peut-être dans son sommeil, sans que cela soit accompagné d'aucun sentiment d'ego ; il est inconscient, et lorsqu'il émerge de son sommeil il est de nouveau le même homme qu'auparavant. Le total de la connaissance qu'il possédait avant de s'endormir reste inchangé et ne s'accroit aucunement. Il ne lui vient aucune illumination. Mais lorsqu'un homme entre en samâdhi, s'il était un simple en y entrant il en ressort un sage. Quelle est la différence? Pour l'un de ces états, l'homme ressort exactement le même qu'il y était entré ; pour l'autre état, l'homme en sort éclairé, il est devenu un sage, un prophète, un saint, toute sa nature est changée, sa vie est transformée, illuminée. Voilà les deux effets. Les effets étant différents, les causes doivent l'être également. Comme cette illumination avec laquelle un homme revient du samâdhi est beaucoup plus élevée que ce que pourrait donner l'inconscience, beaucoup plus élevée que ce que pourrait donner le raisonnement dans un état conscient, ce doit être un état supraconscient, et on appelle le samâdhi l'état supraconscient.

Voilà en quelques mots la notion de samâdhi. Quelle en est l'application? La voici. Le domaine de la raison, ou du fonctionnement conscient de l'esprit, est étroitement limité. La raison humaine ne peut se mouvoir que dans un petit cercle ; elle ne peut pas en sortir. Toute tentative d'évasion est vaine, et pourtant c'est en dehors de ce cercle de la raison que se trouve tout ce qui est le plus cher à l'humanité. Tous ces problèmes de l'existence d'une âme immortelle, de l'existence de Dieu, de l'existence d'une intelligence suprême qui guide cet univers, sont au-delà du domaine de la raison. La raison ne pourra jamais les résoudre. Que dit-elle? Elle dit: «Je suis agnostique, je ne puis dire ni oui ni non. » Et pourtant ces questions offrent pour nous une immense importance.

  Si l'on n'y fait aucune réponse convenable, la vie humaine n'a pas  de raison d'être. Toutes nos théories éthiques, toutes nos conceptions morales, tout ce que la nature humaine renferme de bon et de grand a été modelé sur des réponses qui nous sont venues d'au-delà du cercle. Il est donc très important que nous ayons des réponses à ces questions.




Dhyâna et Samâdhi


  Tous les différents stades du yoga ont pour but de nous amener scientifiquement à l'état supraconscient ou samadhi. En outre, il est essentiel de comprendre que l'inspiration fait tout autant partie de la nature de n'importe quel homme que de celle des anciens prophètes. Ces prophètes n'étaient pas des êtres à part; c'étaient des hommes comme vous et moi, mais c'étaient de grands yogins. Ils avaient acquis cette supraconscience ; vous et moi pouvons en faire autant. Ce n'étaient pas des hom­mes différents des autres. Le fait même qu'un homme est parvenu à cet état prouve qu'il est possible à tout homme d'en faire autant. Non seulement c'est possible, mais il faudra que tout homme parvienne un jour à cet état — et c'est la religion.

  L'expérience est notre seul instructeur. Nous aurons beau parler et raisonner toute notre vie, nous ne comprendrons pas un mot de la vérité tant que nous n'en aurons pas fait l'expérience personnelle. Nous ne pouvons espérer faire d'un homme un chirurgien en lui donnant simplement quelques livres. Vous ne satisferez pas ma curiosité sur un pays en m'en montrant une carte ; j'ai besoin d'une expérience directe. Les cartes ne font qu'exciter notre désir d'obtenir des connaissances plus complètes. A part cela, elles sont absolument sans valeur. S'accrocher à des livres fait tout simplement dégénérer l'esprit humain. Fut-il jamais plus horrible blasphème que de dire que toute la connaissance de Dieu est contenue dans tel ou tel livre ? Comment l'homme ose-t-il appeler Dieu infini et essayer cependant de L'enfermer dans les pages d'un petit livre? Des millions de gens ont été tués parce qu'ils ne croyaient pas ce que disaient les livres, parce qu'ils se refusaient à voir toute la connaissance de Dieu dans les pages d'un livre. Certes ces massacres et ces tueries appartiennent maintenant au passé, mais le monde est encore terriblement enchaîné par la croyance aux livres.



Dhyâna, la méditation


   Pour arriver scientifiquement à l'état supraconscient, il est nécessaire de passer par les différentes étapes du Râja-Yoga que je viens de décrire. Après le pratyâhâra et la dhâranâ, nous arrivons à dhyâna, la méditation

Lorsque l'esprit a été dressé à rester fixé sur un certain point intérieur ou extérieur, il acquiert le pouvoir d'affluer en quelque sorte vers ce point en un flot ininterrompu. Cet état se nomme dhyâna. Lorsqu'on a intensifié sa puissance de dhyâna au point de pouvoir rejeter la par-

de extérieure de la perception et méditer uniquement sur la partie intérieure, sur le sens, cet état est appelé samâdhi. L'ensemble des trois états : dhâranâ, dhyâna et samâdhi, est appelé samyama. C'est-à-dire que si l'es­prit peut d'abord se concentrer sur un objet, puis continuer cette concentration pendant un certain temps, et ensuite, par une concentration continue, ne plus conserver que la partie intérieure de la perception dont l'objet était l'effet, tout est alors soumis à l'esprit.

  Cet état méditatif est l'état le plus élevé de l'existence. Tant qu'il y a désir, la véritable joie ne saurait venir. Seule l'étude contemplative, en spectateur, des objets, nous apporte la vraie joie et le vrai bonheur. L'animal met son bonheur dans ses sens, l'homme dans son intellect et le dieu dans la contemplation spirituelle. Le monde n'apparaît vraiment dans toute sa splendeur qu'à l'âme parvenue à cet état contemplatif. Pour celui qui ne désire rien et qui ne s'y mêle pas, les multiples transformations de la nature forment un grand panorama merveilleux et sublime.

  Ces idées doivent être comprises en dhyâna, c'est-à-dire dans la méditation. Nous entendons un son. D'abord il y a la vibration extérieure, puis l'action nerveuse qui la transporte à l'esprit et enfin la réaction de l'esprit. Avec celle-ci jaillit comme un éclair la connaissance de l'objet qui a été la cause extérieure de ces transformations successives depuis les vibrations de l'éther jusqu'à la réaction mentale. C'est ce qu'en yoga on appelle shabda (le son), artha (le sens), et jnâna (la connaissance). En termes de physiologie, on les appelle la vibration de l'éther, l'action nerveuse et cérébrale et la réaction mentale. Or ces trois phénomènes, bien que distincts, se sont mêlés de telle sorte qu'on n'arrive plus du tout à les distinguer. En fait nous ne pouvons plus maintenant en percevoir aucun, nous ne pouvons percevoir que leur effet combine, que nous appelons l'objet extérieur. Tout acte de perception comprend cependant les trois et il n'y a aucune raison que nous n'arrivions pas à les distinguer l'un de l'autre.

  Lorsque l'esprit, à la suite des préparations auxquelles il a été soumis, devient fort et docile, lorsqu'il a obtenu la faculté de percevoir des objets plus subtils, on doit l'employer à la méditation. Cette méditation doit porter d'abord sur des objets matériels et s'élever lentement à des objets de plus en plus fins et subtils, jusqu'à ce qu'elle arrive à se passer complètement d'objet. L'esprit doit d'abord être appliqué à percevoir les causes extérieures des sensations, puis les actions intérieures, puis sa propre réaction. Lorsqu'il est arrivé à percevoir isolément les causes extérieures des sensations, l'esprit acquiert la faculté de percevoir toutes les existences matérielles subtiles, tous les corps et les formes subtils. Quand il parviendra à percevoir isolément les mouvements intérieurs, il se rendra maître de toutes les ondes mentales, en soi ou chez autrui, avant même qu'elles se soient transmuées en énergie physique. Lorsqu'il pourra percevoir isolément la réaction mentale, le yogin aura acquis la connaissance de tout puisque tout objet sensible et toute pensée sont le résultat de cette réaction. Alors il aura vu les fondations mêmes de son esprit et il en aura une maîtrise parfaite. Différents pouvoirs viendront au yogin ; s'il cède à la tentation de l'un quelconque d'entre eux, la voie de tout progrès ultérieur lui sera fermée. Telle est la conséquence néfaste de la recherche des jouissances. Mais s'il est assez fort pour rejeter même ces pouvoirs miraculeux, il atteindra le but du yoga, la suppression complète de toute vague dans l'océan de l'esprit. Alors la gloire de l'âme n'étant plus troublée ni par les distractions de l'esprit ni par les mouvements du corps, l'âme brillera de tout son éclat. Et le yogin se trouvera tel qu'il est, tel qu'il a toujours été, essence de la connaissance, immortel imprégnant tout.

  Le samâdhi est à la portée de tout être humain, et même de tout animal. Depuis l'animal le plus bas jusqu'à l'ange le plus élevé, chacun devra, un jour ou l'autre, arriver à cet état. C'est alors, et alors seulement, que commencera pour cet être la véritable religion. Jusque-là nous ne faisons que nous efforcer d'y parvenir. Pour l'instant il n'y a aucune différence entre nous et ceux qui n'ont pas de religion, parce que nous n'avons aucune, expérience. A quoi sert la concentration, sinon à nous procurer cette expérience ? Chacune des étapes par lesquelles nous devons passer pour arriver au samâdhi a été raisonnée, convenablement réglée, scientifiquement organisée. Si on les parcourt fidèlement, elles nous conduiront certainement vers le but choisi. Alors tous les chagrins cesseront, toutes les souffrances disparaîtront ; la semence des actions se consumera et l'âme sera libre à jamais.

  Les indriyas, ou organes des sens, ont une action dirigée vers l'extérieur et entrent en contact avec les objets extérieurs. Les mettre sous la dépendance de la volonté est ce qu'on appelle pratyâhâra ou recueillir par devers soi.

  Fixer l'esprit sur le lotus du cœur ou sur le centre de la tête, est ce qu'on appelle dhâranâ. Si on le restreint à un seul point et qu'on fasse de ce point la base, il s'élève une espèce particulière de vagues mentales ; celles-ci ne sont pas emportées par d'autres espèces de vagues, mais elles prennent progressivement une place prépondérante, tandis que toutes les autres reculent pour finalement disparaître ; ensuite la multiplicité de ces vagues fait place à l'unité et il ne reste plus dans l'esprit qu'une seule vague : c'est dhyâna, la méditation. Lorsqu'aucune base n'est nécessaire, lorsque l'ensemble de l'esprit est devenu une seule vague, une unité de forme, c'est ce qu'on appelle samâdhi. Dépouillé de tout appui donné par des lieux ou par des centres, seul le sens de la pensée est présent. Si l'esprit peut être fixé sur un centre pendant douze secondes, c'est une dhâranâ ; douze de ces dhâranâs forment un dhyâna et douze de ces dhyânas forment un samâdhi.

  On ne doit pas pratiquer le yoga près du feu, dans l'eau, sur un sol jonché de feuilles sèches, là où il y a beaucoup de fourmilières, où il y a des animaux sauvages ou des dangers, aux carrefours des routes, où il y a trop de bruit, où il y a beaucoup de gens pervers. (Ces indications se rapportent plus particulièrement à l'Inde). Ne pratiquez pas lorsque le corps se sent très paresseux ou malade, ou lorsque l'esprit est très chagrin ou très malheureux. Allez dans un endroit qui soit bien dissimulé et où l'on ne vienne pas vous déranger. Ne choisissez pas des endroits malpropres. Choisissez plutôt un beau site, ou une belle pièce dans votre propre maison. Quand vous voulez pratiquer, saluez d'abord les anciens yogins, puis votre gourou, puis Dieu, et ensuite commencez.

  On parle de dhyâna et on donne quelques exemples de sujets de méditation. Asseyez-vous en gardant le tronc bien droit et regardez le bout de votre nez. Nous apprendrons plus tard comment cela concentre l'esprit, comment, en prenant la direction des deux nerfs optiques, on fait un grand pas vers la maîtrise de l'arc de réaction, et ainsi vers la maîtrise de la volonté.



 (...) La méditation aussi est un souvenir constant (de l’objet sur lequel porte la méditation) se déversant comme un filet ininterrompu d’huile qui coule d’un vase dans un autre. Lorsqu’on est parvenu à cette sorte de souvenir (de Dieu), toutes les chaines se brisent. C’est ainsi qu’on en parle dans les Écritures lorsqu’on y envisage le souvenir constant comme un moyen de libération. Ce souvenir, d’ailleurs, a la même forme que la vision, car il a la même signification, comme dans le passage suivant : Quand Celui qui est loin et prés a été vu, les chaînes du coeur se brisent, tout doute s’évanouit et tout effet des oeuvres disparaît. Celui qui est prés peut être vu, mais de Celui qui est loin on ne peut avoir qu’un souvenir.




Thèmes de méditation


  Voici quelques thèmes de méditation : Imaginez un lotus situé sur le sommet de votre tête, à quelques pouces au-dessus : la vertu est son centre, sa tige est la connaissance. Les huit pétales du lotus sont les huit pouvoirs du yogin. A l'intérieur, les étamines et le pistil sont la renonciation. Si le yogin rejette les pouvoirs extérieurs, il arrivera au salut. Ainsi les huit pétales du lotus sont les huit pouvoirs, mais les étamines et le pistil qui sont à l'intérieur sont la renonciation absolue, la renonciation à tous les pouvoirs. A l'intérieur du lotus, pensez à Celui qui est en or, au Tout-puissant, à l'Intangible, à Celui qui a pour nom Aum, l'Ineffable, baigné d'une lumière éclatante. Voici un autre thème de méditation : Pensez à un espace dans votre coeur, et, au milieu de cet espace, à une flamme qui brûle. Pensez à cette flamme comme étant votre âme, puis voyez à l'intérieur de cette flamme une autre lumière étincelante qui est l'Aine de votre aine, Dieu. Méditez sur cela dans votre coeur.



La chasteté, la non-nuisance, le pardon, même au plus grand ennemi, la vérité, la foi dans le Seigneur, tout cela constitue autant de vrittis. Ne vous effrayez pas de n'être pas parfait en chacun d'eux ; travaillez et ils vien­dront. Celui qui a renoncé à tout attachement, à toute crainte et à toute colère, celui dont toute l'âme est allée au Seigneur, celui qui a pris son refuge dans le Seigneur, celui dont le coeur s'est purifié, quel que soit le désir qu'il vienne présenter au Seigneur, le Seigneur l'exaucera. Adorez-Le donc par la connaissance, l'amour ou le renoncement.

« Celui qui ne hait personne, qui est l'ami de tous, qui est charitable envers tous, qui ne possède rien, qui est dégagé de l'égoïsme, dont l'esprit reste -égal dans la souffrance et dans le plaisir, qui est indulgent, qui est toujours satisfait, qui travaille toujours en yoga, dont le moi a été maîtrisé, dont la volonté est ferme, dont l'esprit et l'intellect Me sont consacrés, celui-là est Mon bhakta bien-aimé. celui qui ne cause aucun trouble, qui ne peut pas être troublé par autrui, qui est libre de toute joie, crainte et anxiété, celui-là est Mon bhakta bien-aimé. Celui qui n'et dans la dépendance de rien, qui est pur et actif, qui ne se préoccupe pas de savoir si le résultat sera bon ou mauvais, qui n'et jamais malheureux, qui a renoncé à tout effort pour soi-même, qui reste le même sous les blâmes et sous les louanges, avec l'esprit silencieux, pensif, béni du peu qui se trouve être son lot, sans foyer, car le monde entier est son foyer, et qui reste stable dans ses idées, celui-là est Mon bhakta bien-aimé. «

(Bhagavad-Gîta, chant II, 13-19)



Dites-vous à vous-même que vous êtes fermement assis et que rien ne peut vous ébranler. Puis rappelez-vous la perfection de votre corps, partie par partie, de la tête aux pieds. Pensez à votre corps comme aussi pur que du cristal, comme un parfait vaisseau avec lequel naviguer sur l'océan de la vie. demandez à tous les prophètes et à tous les sauveurs et à tous les esprits de l'univers de venir vous aider.


[...]


Méditation sur la lumière resplendissante, qui est au-delà de tout chagrin.

C'est une autre espèce de concentration. Pensez au lotus du coeur, dont les pétales sont tournés vers le bas, et à travers lequel passe la sushumnâ. Aspirez, puis lorsque vous rejetez le souffle, imaginez que le lotus a les pétales tournés vers le haut et qu'à l'intérieur du lotus est une lumière resplendissante. Méditez sur cela.



Méditation sur le coeur qui a rejeté tout attachement aux objets sensibles.

Prenez une personne sainte, un grand homme pour qui vous avez de la vénération, un saint que vous savez être absolument sans attachement, et pensez à son coeur. Ce coeur est devenu non attaché ; méditez sur lui et cela calmera votre esprit. Si vous ne pouvez y parvenir voici un autre moyen :



Méditation sur la connaissance qui vient dans le sommeil.

Parfois un homme rêve qu'il voit des anges venir lui parler, qu'il est en extase, qu'il entend de la musique dans les airs. Dans son rêve il est heureux, et lorsqu'il se réveille, il lui en reste nue profonde impression. Pensez que ce rêve est une réalité et méditez sur lui. Si vous ne lu pouvez pas, méditez sur n'importe quelle chose sainte qui vous attire.



Méditation sur quelque chose qui vous sollicite comme étant un bien.

Cela ne signifie pas n'importe quel objet pervers, mais une chose bonne que vous aimez, un endroit que vous préférez, un paysage, n'importe quelle idée qui jouit de votre prédilection, tout ce qui pourra concentrer votre esprit.



40. Le mental du yogin méditant ainsi ne rencontre pas d'obstacle depuis l'atomique jusqu'à l'infini.(Yoga sutra de Patanjali).

Par cet exercice, l'esprit arrive à contempler facilement depuis l'objet le plus minuscule jusqu'à l'objet le. plus vaste. Et ainsi les vagues de l'esprit s'atténuent.



41. Le yogin dont les vrittis sont ainsi devenues sans pouvoir (refrénées) obtient dans le receveur, (l'instrument de) la réception et le reçu (le Moi, le mental et les objets extérieurs) état concentré et similitude, comme le cristal (devant différents objets colorés). (Yoga sutra de Patanjali).

Que résulte-t-il de cette méditation constante ? Rappelons-nous comment Patanjali, dans un aphorisme précédent, a examiné les divers états de méditation, dont le premier est surtout matériel, le deuxième plus subtil, et ainsi de suite vers des objets toujours de plus en plus abstraits. Le résultat de ces méditations est que nous arrivons à méditer aussi facilement sur les objets subtils que sur les objets grossiers. Ici, le yogin distingue les trois éléments : le receveur, le reçu et l'instrument de la réception, qui correspondent à l’Âme, à l'objet extérieur et au mental. On nous offre trois objets de méditation : d'abord ce qui est grossier, comme les corps, les objets matériels, puis ce qui est subtil, comme l'esprit, le chitta, et troisièmement le Purusha affecté de qualités, c'est-à-dire non pas le Purusha lui-même, mais l'Egotisme. Par la pratique, le yogin s'accoutume à toutes ces méditations. toutes les fois qu'il médite, il peut écarter toutes les autres pensées; il s'identifie à ce sur quoi il médite; il devient comme du cristal: placé devant les fleurs, le cristal s'identifie presque avec elles; si la fleur est rouge, il paraît rouge, et si la fleur est bleue, il paraît bleu.



Samprajnâta et  asamprajnâta samâdhi


L'aphorisme suivant définit le samâdhi, la concentration parfaite, qui est le but du yogin.

17. La concentration appelée connaissance correcte est celle qui est suivie de raisonnement, discrimination, joie, égoïsme non qualifié.(Yoga sutra de Patanjali).

On distingue deux variétés de samâdhi. L'une est appelée samprajnâta et l'autre asamprajnâta (1).

Dans le samprajnâta samâdhi entrent tous les pouvoirs de maîtrise de la nature. Il peut être de quatre sortes.

Il y a d'abord ce qu'on appelle le savitarka, dans lequel l'esprit médite à mainte et mainte reprise sur un objet, en l'isolant des autres. Dans les vingt-cinq catégories distinguées par les sâmkhiens, il y a deux séries d'objets de méditation : a) les vingt-quatre catégories non perceptives de la nature et b) le Purusha perceptif unique. Cette partie du yoga repose entièrement sur la philosophie sâmkhienne, dont je vous ai déjà parlé. Vous vous rappelez que l'égoïsme, la volonté et le mental ont une base commune, le chitta, dont ils sont tous composés. Ce chitta absorbe les forces de la nature et les projette sous forme de pensée. Il doit aussi exister quelque chose où force et matière ne font plus qu'un; c'est ce qu'on appelle avyakta, l'état non manifesté de la nature avant la création, état auquel toute la nature  retourne, à la fin de chaque cycle, pour en ressortir de nouveau au bout d'une autre période. Au-delà encore Mt le Purusha, qui est l'essence de l'intelligence. La connaissance est pouvoir; dès que nous commençons à connaître une chose, nous acquérons sur elle un certain pouvoir; de même lorsque l'esprit commence à méditer sur les différents éléments, il acquiert sur eux du pouvoir. 
Ce genre de méditation, qui porte sur les éléments physiques extérieurs, est appelé savitarka. Vitarka signifie question, et savitarka « avec-question ». C'est en quelque sorte interroger les éléments, pour qu'ils puis-sont livrer leurs vérités et leur puissance à l'homme qui médite sur eux. L'obtention de pouvoirs n'amène aucune libération. Elle n'est qu'une recherche de jouissances dans cette vie, alors que cette vie ne comporte aucune jouissance. La recherche des jouissances est toujours vaine ; c'est la vieille, très vieille leçon qu'il nous est si difficile d'apprendre. Lorsqu'il l'a apprise, l'homme sort de l'univers et devient libre. La possession de ce qu'on appelle des pouvoirs occultes ne fait qu'intensifier le monde et finalement, intensifier la souffrance. En sa qualité d'homme de science, Patanjali est obligé d'indiquer les possibilités que nous offre cette science, mais il ne laisse jamais échapper une occasion de nous mettre en garde contre ces pouvoirs. Ensuite, et toujours dans la même méditation, lorsqu'on s'efforce de dégager du temps et de l'espace les différents éléments, et de penser à eux tels qu'ils sont, c'est ce qu'on appelle nirvitarka ou sans-question.

  Lorsque la méditation fait un pas de plus, prend pour objet les tanmâtras et les voit dans le temps et dans l'espace, on l'appelle savichâra, avec discrimination. Lorsque dans la même méditation on élimine le temps et l'espace et que l'on pense aux éléments subtils tels qu'ils sont, on l'appelle nirvichâra, sans discrimination.

L'échelon suivant est celui dans lequel on fait abstraction des éléments, physiques ou subtils, et où l'on prend pour objet de méditation l'organe intérieur,


1) En résumé, on distingue :

A. — Le samprajnâta samâdhi, qui se subdivise en :

a. — vitarka samâdhi, sur les éléments grossiers, lui­-même subdivisé en :

savitarka samâdhi

ii) nirvitarka samâdhi

b.         vichâra samâdhi, sur les tanmâtras, lui-même subdivisé en :

savichâra samâdhi

(ii) nirvichâra samàdhi.

c.         sânanda samâdhi, sur l'organe pensant.

d. — asmitâ samâdhi, sur l'esprit.

B.        L'asamprajnâta samâdhi, supraconscient, qui nous donne la liberté.

 Lien: Chicago Speech


Sri Aurobindo et Vivekânanda


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